LA SOCIETE DU SPECTACLE
Guy Debord : Point d’ancrage pour comprendre l’actuelle société ? Publiée pour la première fois en 1967, son œuvre, « la société du spectacle », pose les jalons d’une critique acerbe mais réaliste d’une société qui se destine à glorifier la production de la marchandise en série afin de répondre de plus en plus vite aux envies des humains devenus ainsi des consommateurs. Si l’évidence est là, rappelons que son analyse fut écrite en 1967. Ca calme non ? Pour autant, doit-on idéaliser cet auteur ? Doit-on devenir à l’image des actuels représentants de la pensée Deborienne, des peigne-culs de la redite ? Doutons en ! Pourtant, il est clair que ce livre est d’une excellence rare. Il présente à l’aube des années 70, une terrible prédiction d’une société qui s’enfoncera inexorablement dans le descriptif du penseur. Aucune erreur. Un livre à la limite prophétique ?
Il annonce de ces trucs tout de même : On va mondialiser, uniformiser, dissoudre l’autonomie et tout contrôler. Les armes de guerre des « maîtres » du capital ont été disséminées dans le quotidien des humains de façon à ce qu’ils considèrent les ventes forcées en achats utiles. 56 ans après, l’ensemble des analyses de Debord sont rentrées dans notre dans notre vie. Pire : Nous sommes devenus ce qu’il prédisait : Des consommateurs non éclairés à la solde et à la botte des puissants. Prophète ou théoricien Debord ? Si l’on s’adonne à une lecture banale avec des codes liés à notre formatage intellectuel, on peut classer cet auteur comme un théoricien .
Ne pas se tromper à 99 % du total de ce livre, fait de cet individu un sacré avant-gardiste ! Nul doute que des aficionados le classifient de prophète. «La société du spectacle» est pour beaucoup une sorte de recueil de pensées divinatoires au même titre que Nostradamus sans les textes imagés.
A la différence de l’astrologue, Debord écrit des textes compréhensibles. Pas besoin de décoder ! Tout est limpide. S’il fallait prendre un exemple pour illustrer l’idée d’un auteur– visionnaire que d’aucun catalogue de prophétique, c’est le chapitre consacré à l’aménagement du territoire. Remettons nous dans le contexte. Nous sommes à la fin des années 60 . La société française est en plein essor. L’industrialisation à outrance a créé deux inductions : L’exode rural et la venue massive de travailleurs étrangers.
De ce fait, l’état Français a construit des cités dortoirs qualifiées à l’époque comme un programme d’urbanisation d’urgence pour loger cette surpopulation urbaine. Or Debord qualifie déjà en 1967 ce concept en cité exclusive pour la population pauvre. Tollé à l’époque de la part des intellectuels qui voyaient dans les propos de Debord un délire de révolutionnaire qui, du coup, se retrouvait mis au banc des imbéciles. Aujourd’hui, on pourrait dire « complotiste » .
Cinq décennies passées, le constat est sans appel : Debord a non seulement parfaitement analysé les choses correctement, mais il s’est également projeté dans le temps dans un point de vue qui aujourd’hui s’avère plus que jamais réaliste. A savoir: Le projet d’urbanisme de l’époque visant à l’accueil d’urgence, était aussi destiné à concentrer la population pauvre dans un coin du système.
Debord est à lire et à relire. Pour les plus anciens, cette redécouverte démontrera le fait qu’être visionnaire n’est pas une vue de l’esprit, mais bien un concept basé sur des faits. Pour les plus jeunes, il leur donnera, espérons le, l’envie de continuer d’extrapoler le présent pour prévoir l’avenir. Par contre si la jeunesse en quête de savoir, et de compréhension veut intégrer Debord comme un réel avant-gardiste dans son temps et base intellectuelle d’une réflexion contemporaine, il semble vital qu’ils évitent d’écouter le saupoudreur Stéphane Zadganski qui dans une grosse lourdeur de forme vous éloigne du message de Debord. Lire Debord ? Oui ! Prenez néanmoins la ,poudre d’escampette si, par malheur, vous éprouvez le besoin de connaître les « enfants perdus » de ce cerveau exceptionnel. A vous de jouer !
Frédéric Quillet