J’adore Marcel Proust. Mais, tout comme pour les adeptes de Guy Debord, j’exècre les Proustiens. Parfois faux modestes, souvent de véritables producteurs féconds de leurs vanités, les Proustiens sont à éviter ! C’est à se demander si la dévotion et le fanatisme envers un auteur ne rendent pas idiot ! Comme quoi, il ne suffit pas d’avoir un pois chiche dans le crâne pour devenir l’idiot d’une idole ! Ça, c’est dit !
Alors, qu’y a-t-il à adorer dans l’écriture de Proust ? Plein de choses, bien évidemment ! Vous le comprendrez, ce n’est pas en « dix » lignes que l’on peut répondre exhaustivement à cette question. L’œuvre de Proust est immense. D’abord, pour s’en faire une idée, la seule façon est d’ouvrir un de ses livres. Comme beaucoup, j’ai découvert Marcel Proust à travers la « Recherche du temps perdu ». Mon préféré des tomes : « Albertine disparue ». Voilà, c’est dit aussi. Malgré tout, je préfère Proust en mode journaliste. C’est une bonne clé d’entrée pour rencontrer l’univers de l’auteur. Rassemblés dans un ouvrage intitulé « Chroniques », les textes présentés décrivent soit la vie parisienne, soit sont des critiques littéraires. Il y en a de sacrément enjoués. C’est très subtil, et sa lecture vous prépare parfaitement à entrer dans « La recherche ».
Que dire de plus ? Ah oui : Si vous souhaitez vous focaliser sur « La Recherche » pour commencer votre voyage en terre proustienne, mettez tous les bons ingrédients de votre côté pour éviter l’indigestion. D’abord, ouvrez votre esprit et laissez-vous guider dans un univers littéraire qui, en son temps, a changé le sens de l’écriture. Lorsque Proust décide de « dédier les dernières années de sa vie » à cette œuvre monumentale, il écrit d’abord pour lui. Ça fait du bien d’écrire ! Même si, comme moi, vous écrivez mal, écrivez ! C’est l’une des meilleures thérapies pour évacuer ses frustrations, son mal-être, ses souffrances, mais aussi ses passions, ses contradictions, ses amours, ses rêveries. Proust adore évoquer des rêves. Mais plus que tout autre chose, il veut marquer son lien avec le temps. Marcel déteste le temps, mais il est utile pour se connaître. C’est certainement pour cette raison que certains personnages ne vieillissent pas. Pourtant, « La Recherche » balaie plusieurs époques. Cela n’empêche pas la domestique « Françoise » de rester au même âge vingt ans après son apparition dans l’œuvre. Sacré Marcel ! Il écrit sur mesure, à l’instar d’un couturier méticuleux et dont la démarche de création paraît souvent désordonnée. Eh bien, Proust, c’est aussi cela !
Et c’est cela que je préfère dans son œuvre, qui, à mes yeux, est composée de tableaux qui s’apparentent au fantastique malgré un univers très réaliste. Peut-être que ce mélange de rêve et de réalisme explique son intérêt unanime ?
Pour conclure ce modeste article, je vais vous faire une confidence : J’apprécie particulièrement l’humour de Marcel Proust et son habileté littéraire à insuffler l’absurdité de la vie en tant que thématique sous-jacente dans l’ensemble de son œuvre. Chauffe Marcel, je suis fan !
Frédéric Quillet