En France, ce n’est pas une décision politique qui va nous empêcher de développer notre liberté artistique à partir du moment où icelle est humaniste et non incitative de haine ou de violence physique. Pourtant, en ces temps brumeux, nous devons pouvoir nous affirmer et agir pour continuer à produire. L’art demeure l’un des outils majeurs qui permet de bâtir notre conscience. C’est incontestable. Que l’on soit d’esprit classique, révolutionnaire ou surréaliste, notre construction artistique nous emmène vers le flamboyant. Qui a-t-il de plus plus beau que de partir dans l’imaginaire ? Retrouver. Voir. Disparaître puis revivre.
Notre pensée est Dieu et arithmétique. Nous vibrons par l’envolée cosmique et l’essence d’un roman, d’une création, d’un tag, d’une photo. Nous nous construisons tout en essayant de partager une pensée, un moment intime. L’écriture, le chant, la peinture, la photographie, la danse etc, sont des sens de vie . Ils s’accordent aux tumultes de nos âmes.
Donner son âme à la création, ce n’est jamais simple à faire comprendre au monde. Peu nombreux sont encore les parents qui recommandent l ‘art comme vecteur de réussite professionnelle. Comment pourrions -nous les plaindre vue l’état des écoles artistiques tout juste bonnes, en France, à satisfaire une certaine classe de la société qui n’a que pour objectif la culture de l’enfant prodige et la jouissance qui consiste à avoir une progéniture maitrisant des notes ou des couleurs pour afficher la fierté culturelle de la fratrie et la réussite sociale dans le but d’écraser l’autre ?
Malgré tout, il sort de notre pays , des prodiges. La France fut longtemps un pays de lumière artistique sans pour autant démocratiser cet art. Depuis les années 70, certains plafonds de verre ont explosés et on assiste, aujourd’hui à l’émergence démocratique de la culture, même si …..Même si il faut cravacher pour obtenir une reconnaissance. Le milieu artistique est souvent sans pitié. Il n’est pas rare qu’un artiste doive passer par un coup de pouce de gens influents pour obtenir le sésame de la popularité . C’est un peu en cela que l’art reste reste un monde très fermé. Volontairement. Snobisme d’une société à vocation élitiste.
Peu importe, on s’exprime, on crée d’abord pour nous-même. Pousser les poussières des « us et coutumes » peut demander plusieurs générations. L’art démocratique et partagé, est comme un serpent qui s’allonge petit à petit dans un jeu subtile, délicat et qui, parfois, oublie le sens même de la création. Attention donc à ne pas se morde pas la queue. Oublier ses fondamentaux. Trahir ce pourquoi on crée. Bernard Lavilliers disait, en son temps, que tant que l’on ne montrait pas sa création au regard du public, on ne pouvait pas se revendiquer artiste. Pourquoi pas. Je veux continuer de penser que l’art est ce que nous en faisons avec, aussi, notre liberté de garder, pour soi, nos créations. La culture ne commence pas quelque part et ne finit pas ailleurs. Elle est le temps et la vie.
Frédéric Quillet