Chapitre 3 : Chercher sa place
C’est en léchant allégrement le reste de miel enrobant sa petite cuillère que l’auteur se mis à penser à la veille. « Quelle soirée » proféra – t-il d’un coup d’un seul. ‘ D’abord, je me suicide et après je rencontre la deuxième merveille du monde. Pouffffffff » finit -il en allant chercher une seconde tasse de café. Timidement, alors que rien ne l’exigeait, il plaça une oreille sur le mur mitoyen à l’appartement de sa nouvelle voisine et sourit comme un congre d’Australie. Sa stupidité sortait par tous les pores de sa peau cadavérique . On en regretterait son non-suicide. Bref….Passons. L’auteur avait un prénom et un nom mais se refusait de l’indiquer à ce niveau de son roman. Mug en main il se remit à écrire à la manière de René Plooford le fameux poète Grecque. Le dictionnaire à droite, le livre des synonymes à gauche, l’ordinateur en face, il entreprit de démarrer son art fécond. Figement tendu sur sa chaise inutile, il pensait.
« Mais que vais-je écrire ce matin ? » se demanda le conteur. Il ferma les yeux comme pour se concentrer, puis regarda le chat digérant une » delapatée » bien méritée, et admis que sa voisine l’empêchait de se projeter dans son livre. L’animal acquiesçait en fermant les yeux délicatement tout en le fixant dans une position dédaigneuse et sournoise. Un chat quoi ! Soudain l’idée de génie que tout écrivain de seconde zone a quand il est en panne d’inspiration. Fan de Michel Bussi, ce fut facile de plagier un chapitre de son premier roman inachevé.
Mes lecteurs n’y verront que dalle » souligna-t-il a son bahut. Le chat dormait. Dans » la vie n’a pas de sens » il avait écrit un chapitre sur le chemin distillé d’une ombre gréviste encartée à la C.G.T. « Euréka ! Je vais reprendre l’idée ! » D’un coup d’un seul, ses doigts se remirent à tripoter les touches de l’ordinateur blanc cassé. Tout repartait comme avant. Il se sentait mue par une motivation sans nom. » C’est elle qui me porte au firmament de mon art » dit-il pensant à sa voisine bien entendu. Un paragraphe, puis deux, et tout fut clair sur le fond du réel. Le gréviste se transforma en livreur d’oignons et le chemin distillé prit la forme d’un hortensia aguerrit. « Plus rien ne sera comme avant. Je suis le maître du moooooooonde » L’auteur extrapolait souvent surtout le matin. Il lui prit l’envie de se préparer une gymnote pour midi. L’écrivain adorait le poisson surtout la gymnote, être vivant spécialisé dans la capture de ses proies par des décharges électriques. Tout le monde sait cela.
La perspective de préparer ce met enflamma l’imagination de l’exégète qui entreprit d’écrire un poème. « ô Gymnote de mes amours, tes yeux balbutient mon clivage éphémère et je cours sur la palissade homérique pour te construire une gynécée pour toi et tes sœurs jumelles. ô clone d’un printemps amniotique ! Tu perles avec soin l’audace de ta poitrine savoureuse. Mon dilatomètre s’affole de lumière en lumière. Puisse-tu bénir ce chant dinatoire en confession dilacérée. J’entends la rigole des lumières angéliques s’enivrer sur le chemin des steppes vernaculaires. je deviens diffus » l’écrivain-poète relu tout cela et admit que ce texte n’avait plus aucun rapport avec son chapitre sur la grève des mineurs de son premier livre. Plagia parfaitement réussi !