Note de l’auteur: D’abord titré ” 100 km vers le sud”, ce chapitre est rebaptisé ” L’isolation finale” L’auteur souhaite conserver secrètes les raisons de ce changement de dernière minutes.
Logiciel s’était réveillé vers six heures du matin. Comme à son habitude depuis l’ âge de 16 ans et demi, il commença par ouvrir les pages du Paris-Normandie. La lecture quotidienne de cet amusant média de proximité et dépourvu de relief tant horizontalement que verticalement, lui permettait de mettre définitivement en place ses neurones avant d’apprécier la véritable presse qui devait le porter vers le Walhalla de l’information internationale. ” par Odin…dit-il en sursautant sur son transat…Des soldats français sont morts en Centre-Afrique victimes de la pauvreté d’une population perdue dans les limbes du terrorisme. Bah ce n’est pas une surprise, je l’ai toujours dit, il ne faut pas fréquenter les pauvres! Dans mon temps, on attrapait la galle ou au pire, on nous pillait. Aujourd’hui, on en crève ! ”
” Arrêtes de geindre Logiciel dit Nectarine, son épouse
– Au fait, pourquoi tes parents t’ont appelés Logiciel ? Tu ne me l’as jamais dit
– Certainement pour les mêmes raisons que les tiens qui t’ont appelés Nectarine ”
Nectarine et Logiciel se sont connus le 30 avril 1980 soit un mois avant la sortie du deuxième album de Trust : Répression. Nectarine avait horreur du Hard Rock. Logiciel, lui, était fan de Trust. D’ailleurs selon lui, nous n’étions pas en l’an 1980 mais en l’an +1 après la sortie du premier album ” L’élite”.
Logiciel avait épousé Nectarine 4 ans après la naissance du fils de l’oncle de sa mère. Après avoir effectué une recherche ardue, on place ce mariage vers 1985 ou l’an 5 selon les différents calendriers qui régissent le couple. Nectarine n’a aucun souvenir de son mariage. Elle fit, en effet une chute de vélo et tomba sur la face “b” de son crâne rayant ainsi toute une partie de la mémoire de l’album de sa vie. Logiciel essaya bien de sauvegarder le plus d’informations de ce passé perdu, mais en vain. Il permis, néanmoins, à Nectarine de conserver les trois premiers mois de sa grossesse ainsi que de l’accouchement de leur enfant. Rien entre les deux ! Ce qui fut délicat pour Nectarine qui, longtemps, pensa qu’elle fit une fausse couche persuadé que l’enfant qu’elle élevait était un don familial pour qu’elle ne sombre pas dans la folie; Les souvenirs de l’accouchement restant dans une sorte de brouillard illusoire que Nectarine n’arriva jamais à éliminer de sa mémoire.
Logiciel referma le journal et se leva de table. Une grosse mouche qui tourniquait depuis un bon moment autour de son jus d’orange, accompagna le valeureux technicien de maintenance qui se décida à quitté le doux foyer pour rejoindre l’arrêt de bus qui devait le transporter vers son travail. Il baisa Nectarine sur le front, mais pas la mouche qui ignora la ravissante épouse. Une jalousie semblait émaner de l’insecte issue d’une famille noble de Paris.
Nectarine fit un gros bisou sur les rugueux épis grisâtres qui composaient la chevelure de Logiciel. Le regard fixe, il sortit de la maison nuptiale laissant ainsi sa femme seule avec celui qu’elle considérait comme son fils adoptif qui, pourtant était bien d’elle et non de la mouche.